Le premier départ en ligne au milieu des mille quatre cents participants est des plus impressionnants.
Nous testons notre nouvelle technique de report et attaquons assez rapidement le parcours : efficace.
Mais le début de course, et l’ensemble de la première journée de façon générale, reste assez décevant : habituées aux raids « confidentiels », nous sommes ici toujours au milieu de nombreuses équipes de tous parcours.
Cependant, le tracé est intéressant : un soupçon de technique, pas mal de « jaune », et surtout… des choix d’itinéraires à gogo. Et c’est là que pour nous les choses se gâtent : voilà deux, puis trois, puis
quatre fois que nous revenons sur les mêmes équipes !
Certes, nous courons bien plus vite, mais je cumule les mauvaises options et nous revenons toujours de l'arrière... Ricanements des adversaires ? Certainement pas, car nous sommes tout de même au milieu des meilleures mixtes et des très bonnes équipes hommes à qui l’on en bouche un coin… Nous, on use et abuse du changement entre petit et gros sacs, mais on ne touche pas une fois au tire-minette ; c’est dire si ça cavale efficace…
Apparemment pas assez pour Anne qui se plaint de ne pas avancer à cause d’une grosse inflammation du tendon d’achille. Souvenir de l’EDHEC. La fin de course est donc un peu difficile mais nous terminons malgré tout à la deuxième place à
moins de neuf minutes des premières. Carrément prenable !
Anne d’humeur toujours aussi massacrante, et moi furax de ma prestation de la veille, c’est donc dans des conditions idéales que nous abordons le deuxième jour… A peine a-t-il plu sur les tentes, on a pu se laver dans l’Allier, se détendre au bivouac en compagnie des garçons du circuit A – à qui l’on a somme toute servi de mulets puisqu’on les a ravitaillés en gaz ! – on a même pu se coucher à 19 heures… et c’est d’ailleurs bien là que le drame va se jouer.
En attendant, nous partons concentrées sur notre deuxième étape, et « masteurisons » dès le début de course en rattrapant les premiers hommes, mixtes, ainsi que nos concurrentes (tous partis 9 minutes avant nous), et ce dès la deuxième balise ! Bingo ! J’aurais au moins fait un choix judicieux ce week-end !
Tout se passe ainsi pour le mieux (ou presque) jusqu’à la cinquième balise. Et là, horreur. Pas de balise. On expérimente les différentes techniques de jardinage, on perd 10 puis 15 minutes. Anne cesse toute recherche et semble préférer la méthode des incantations pour que la balise vienne à nous. Quant à moi, je m’affaire bientôt avec deux très bonnes équipes qui viennent de nous rejoindre, afin de prouver que le poste est manifestement mal placé. Finalement, nous décidons après plus de vingt cinq minutes de perdues de lever le camp. Décision difficile car nous risquons le déclassement pur et simple.
C’est près d’un kilomètre plus loin, en s’éloignant du poste, que nous tombons par un hasard PHE-NO-ME-NAL sur un poste apparemment insignifiant :
« - Dis-moi, Anne, c’était combien le code de la n°5 ?
- 166.
- Et celle-ci ?
- 166.
- Quel scandale ! »
Je pense à une erreur de pose, Anne à l’annulation de la course ; on pointe, on s’en va, et on en touche un mot au commissaire un peu plus bas sur la route qui nous apprend l’existence de modifications signalées par affichage. Effectivement, on apprendra que l’affichage a été fait la veille à 20h30, sans aucun rappel le matin !
Finalement, je trouve qu’on s’en sort bien vu qu’on a quand même pointé, mais Anne est elle complètement démoralisée par notre perte de temps. C’est dur dur… On entre dans une deuxième phase de course assez complexe dans laquelle Anne troque une moitié louve pour une moitié canard (boiteux vous l’aurez compris), et moi ma casquette d’orientrice pour une plaque de psychologue… On termine tant bien que mal, et surtout mal d’ailleurs, au milieu d’une gigantesque chenille processionnaire faite de tous les concurrents des petits circuits qui cheminent sur près de cinq kilomètres de bitume. Rien de passionnant.
A l’arrivée, on n’a pas perdu notre place de secondes et Anne retrouve le sourire.
Mieux, le jury des commissaires annule le poste à poste litigieux, ce qui nous met à deux minutes des premières sur l’étape du deuxième jour, malgré notre course « moral dans les chaussettes » !
Enfin, pour nous, c’est désormais objectif raid Altitude. Après l’ATO, l’IGN, (3e puis 2nd) … vous l’aurez compris !
Aurore
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